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Il est surprenant combien les médias britanniques et européens parlent comme si le Brexit était désormais inéluctable. Il reste probable, mais pas certain. Le référendum britannique était consultatif, et le processus du Brexit prendra beaucoup de temps; pendant ce temps, et jusqu'au dernier jour avant la déclaration officielle du Brexit accompli, le proceessus peut être abandonné ou arrêté.Le vendredi 24 juin 2016 -Dernière mise à jour - le 13 juillet Mise à jour: voir ► Septembre 2016 - Brexit - état des lieux Si, réellement, la Grande
Bretagne quitte l'Union européenne, le plus grand perdant sera l'UE.
L'UE se trouvera dans une situation perdant-perdant, obligée
de choisir
entre la moins mauvaise des deux solutions possibles : soit faire en sorte que la Grande Bretagne
ne réussisse pas sa sortie sans sérieuses
conséquences économiques –
sachant qu'une récession en GB pourrait provoquer une
récession en
Europe aussi ; soit aider la Grande Bretagne à
réussir son avenir
post-Brexit – auquel cas l'UE aura
démontré aux autres pays membres
qu'elle n'a plus qu'une utilité relative. La seule issue
sans grand
risque pour l'UE sera de tout
faire pour garder la Grande Bretagne au sein de l'Union
Les Britanniques -
ou plutôt une courte majorité
des électeurs britanniques - ont voté pour le
Brexit.David Cameron démissionné. La livre sterling a perdu 10% de sa valeur, et les bourses britannique et européennes ont chuté dans la journée suivant l'annonce du résultat. C'est une très mauvaise nouvelle pour tous – Britanniques et Européens. Le problème n'est pas britannique, il est européen. Donc la solution aussi. Les partisans du Brexit étaient en délire à l'annonce du résultat du scrutin, mais déjà certains ont commencé à déchanter; les couleurs vives de l'euphorie post-référendum vont ternir au fur et à mesure que la réalité de la nouvelle situation se dessine plus nettement. Donc qu'est-ce qui se passe maintenant? Quel est le calendrier pour le Brexit? Est-il même sûr que le Brexit aura réellement lieu? Rien n'est sûr. On connaît désormais le calendrier pour les premières étapes du processus Brexit; rien avant Septembre au plus tôt. Pour la suite, il n'y a qu'hypothèses. Le Brexit aura-t-il vraiment lieu?En tout cas, le Brexit n'est pas pour tout de suite, ce qui ne devrait surprendre personne. Il serait pour un premier ministre hostile au Brexit difficile de déclencher le mécanisme de sortie. Peut-être aussi difficile pour celle qui a remplacé Cameron, Théresa May, que pour Cameron lui-mêmeAinsi nous sommes maintenant dans une période de trois à quatre mois de réflexion, pendant laquelle Theresa May aura le temps de peaufiner sa politique à l'égard du Brexit. Pendant ce temps la Grande-Bretagne et le monde doivent se habituer à l'idée que la Grande-Bretagne reste encore pour l'instant dans l'Union européenne, tant que l'article 50 du Traité de Lisbonne ne soit enclenché, mais qu'elle pourra pas la suite en sortir. C'est seulement après ces mois de réflexion que le nouveau Premier ministre britannique pourra mettre en route, ou ne pas mettre en route, le processus du Brexit, pour sortir le Royaume-Uni de l'Union européenne. Madame May a déjà dit clairement qu'elle veut négocier un Brexit qui ne désavantagera pas la Grande Bretagne. Dans les mois à venir elle devra donc concevoir une nouvelle stratégie pour trouver une solution beaucoup plus consensuelle et plus positive qu'un simple Brexit "dur". La Grande Bretagne a été meutrie par des mois d'hostilités au sujet du Brexit : les forces vives du pays sont largement pour le maintien du pays au sein de l'Union européenne. Il est maintenant essentiel de commencer à guérir les plaies que le Brexit a ouvertes, et Madame May le sait très bien. Les leaders européens aussi. Mais Theresa May pourra-t-elle réunir les deux côtés d'un pays profondément divisé, et faire adopter par son camp et par le camp opposé un résultat qui permettrait de sauver les meubles non seulement à la Grande-Bretagne, mais aussi à l'Europe ? Il faut l'espérer. Ce ne sera ni facile ni impossible ; mais tous ont intérêt à trouver une solution de compromis, sinon l'avenir est sombre pour la Grande Bretagne et pour l'Europe. Theresa May aura deux tâches prioritaires : a) convaincre les Britanniques, et b) convaincre les Européens qu'un accord basé sur de sérieuses concessions de part et d'autre sera bien meilleur, moins coûteux, et plus positif que le démantellement d'une partie de l'édifice européen. Convaincre les BritanniquesNombreux sont déjà convaincus. Lors du scrutin, en plus du 48% des Britanniques qui ont voté pour rester, une proportion non-négligeable de ceux qui ont voté en faveur du Brexit n'ont pas réellement voté contre l'Europe en tant qu'institution, mais contre son mode de fonctionnement, contre l'immigration "incontrôlée" provoquée par la totale liberté de mouvement entre les pays (la Grande Bretagne étant déjà le pays le plus densement peuplé de l'Union) , contre les ingérances européennes inutiles dans les affaires souveraines du pays. Beaucoup de Britanniques ont aussi dit, depuis le référendum, qu'en votant pour le Brexit ils se sont trompés.Un nouveau premier ministre qui dira aux Britanniques qu'il n'actionne pas encore l'article 50 et qu'il maintient son pays au sein de l'Union pendant une période limitée, en attendant que l'UE trouve une réponse adéquate à leurs griefs, aura le soutien d'une large majorité de ses concitoyens. A ce moment-là, le balle sera dans le camp de l'Union européenne, qui ne pourra plus dire "pas de négociations avant l'activation de l'Article 50", car ce serait donner gain de cause à tous les Eurosceptiques partout en Europe. Convaincre les Européens Si
réellement la Grande Bretagne quitte l'UE, elle pourra
peut-être en sortir gagnante; cela reste possible,
même si peu probable. En revanche, en cas de Brexit, l'Union
européenne sera dans une situation
perdant-perdant. Un Brexit amer
et sans consensus serait très dangereux pour l'UE; un Brexit
consensuel, qui ne nuirait ni à la Grande Bretagne, ni à
l'Europe, dirait haut et clair aux Eurosceptiques d'autres pays:
"Voyez, cela ne sert à rien de rester dans l'Union
européenne; à nous notre Exit."
Le Gouvernement de Madame May aura aussi la tâche
de
convaincre les 27 autres pays, en leur rappelant qu'un Brexit sera plus
dangereux pour l'Union européenne que pour la
Grande Bretagne. Il aura déjà des
alliés en Europe qui le soutiendront, comme l'ancien premier
ministre belge Guy Verhofstadt ou Alain Juppé en France.Ainsi le Brexit, s'il a lieu, risque d'être plus néfaste pour l'Europe que pour la Grande Bretagne. Cela devrait concentrer les esprits à Bruxelles Avant le 23 juin, tous les pays de l'Union européenne souhaitaient éviter que l'Union s'afaiblisse par un départ de la Grande Bretagne.. La tâche sera donc moins de les convaincre que la place de la Grande Bretagne devrait être au sein de l'Union, mais de leur faire comprendre qu'il s'agit ni plus ni moins que de sauver l'Union européenne. Qu'ils l'aiment ou non, offrir plus de concessions au Royaume-Uni pourra être le prix qu'il faut payer pour sauver l'Union. Evidemment, les Eurocrates purs et durs rechigneront. Plusieurs voix ont déjà demandé que la Grande Bretagne sorte au plus vite de l'Union. Mais pousser la Grande Bretagne à sortir de l'Union, alors qu'on peut éviter un tel scénario, ne serait pas seulement se tirer une balle dans le pied. Ce serait se mitrailler dans les pieds. Pour la Grande Bretagne, deux scénarios post-Brexit seront possibles.
C'est donc aux pays européens d'oeuvrer au plus vite pour empêcher le Brexit en faisant les concessions nécessaires pour maintenir la Grande Bretagne dans l'Union. S'arc-bouter contre des concessions ne renforcera pas l'Union ; il fera précisément l'inverse ... même si certains ne veulent pas l'admettre. Un intérêt communTous, Britanniques et Européens, ont intérêt à trouver les compromis nécessaires pour éviter ce premier acte de démantèlement de l'Union européenne que serait le Brexit.Ejecter la Grande Bretagne de l'Union européenne avant d'avoir examiné toutes les options de compromis serait une très mauvais solution qui pourrait élargir les failles dans la structure européenne, au lieu de renforcer la cohésion de l'Union. Et surtout un compromis sera énomément moins coûteuse pour l'Union européenne en argent, en main d'oeuvre et en image et que le coût phénoménal d'un long et amer détricotage de ses relations avec la Grande Bretagne. Comme l'avait dit Boris Johnson, alors qu'il se voyait encore comme prochain Premier ministre de sa majesté... «Maintenant que le pays a voté pour quitter l'Union européenne, il est essentiel de souligner qu'il n'y a pas besoin de se hâter; et comme le premier ministre l'a dit, rien ne va changer à court terme sauf la manière de réaliser la volonté du peuple et d'extraire notre pays du système supranational. Il n'y a pas besoin d'invoquer l'article 50. ". Et il a continué: «Nous ne pouvons pas tourner le dos à l'Europe. Nous faisons partie de l'Europe, nos enfants et nos petits-enfants continueront d'avoir un bel avenir en tant qu'Européens.." En ce qui concerne le calendrier, le temps joue contre le Brexit. Beaucoup de Britanniques ont voté sans penser un instant que le Brexit l'emporterait. "Si j'avais pensé que le Brexit avait la moindre chance de gagner, je n'aurais pas voté pour," ont dit certains électeurs surpris. C'est lamentable, mais..... Le choc de la réalité a été dur pour tous. Tout le monde est fatigué de la querelle. Il est temps maintenant de ralentir et de faire les choses différemment. Et de chercher à sauver l'édifice européen. Théresa May a fait campagne contre le Brexit ; désormais, en tant que Première Ministre, elle a promis d'opérer une sortie d'Europe positive pour la Grande Bretagne ; ce sera une solution qui ne plaira qu'à la moitié des Britanniques, sinon moins. Une solution qui répond aux plaintes des Britanniques à l'égard de l'Union européenne (qui sont réitérées par de très nombreux citoyens d'autres pays de l'Union), tout en maintenant la Grande Bretagne dans l'Union, sera la seule solution capable de trouver un grand consensus auprès de la population britannique, et en même temps de consolider et raffermir l'Union européenne, qui serait fragilisée et amoindrie par une sortie britannique. La triste histore du Brexit a déjà ébranlé l'édifice politique, identitaire et économique de la Grande Bretagne. Il est urgent de tout faire pour que le Brexit n'emporte pas l'Europe aussi. L'avenir reste très indécis, et d'autres coups de théâtre ne sont pas à exclure. Andrew Rossiter Ancien maître de conférences à l'université de Franche-Comté |
In
English:
A way out of the Brexit crisis ?
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