Les
Anglais vont serrer la ceinture
20
octobre
2010
Le gouvernement de coalition
vient de révéler les détails de son
projet pour assainir les dépenses
publiques en quatre ans.
Quatre-vingt trois milliards de livres (environ cent milliards
d'Euros), c'est la somme que le ministre des finances britanniques,
George Osborne, va essayer d'économiser dans les quatre ans
à venir.
Devant l'énorme gouffre des dépenses publiques en
Grande Bretagne, le
gouvernement vient d'annoncer une cure
d'austérité, destinée à
remettre
l'économie
britannique sur les rails et arrêter la
spirale d'endettement .
Parmi les mesures phares, le report de
l'âge légal pour toucher une pension de retraite
de l'état, qui passera
dès 2020 à 66 ans pour tous. Pour les femmes la
pilule est encore plus
amère que pour les hommes. Jusqu'à maintenant,
les femmes pouvait
prendre leur retraite à 60 ans, mais les hommes devaient
attendre 65
ans; désormais, pour éviter toute
discrimination, tous sont
logés à la même enseigne.
Ainsi la Grande Bretagne va moins loin
que l'Allemagne, les Pays Bas, le Danemark et l'Espagne, où
l'âge
légale de la retraite est en train de passer à 67
ans.
Parmi d'autres mesures
annoncées devant
la Chambre des Communes, les plus importantes concernent le budget des
services sociaux, avec des réductions de nombreuses
allocations, soit
dans la durée des prestations, soit dans les montants, soit
dans le
nombre de personnes éligibles. En particulier, le
système très
compliqué des très nombreuses allocations
sociales – allocations
familiales, allocations monoparentales, allocations de
chômage,
allocations d'incapacité, et autres – va
être totalement revu et
remplacé par une allocation unique, variable en fonction de
la
situation de chaque citoyen.
Pendant les quatre années
à venir,
presque tous les ministères voient leur budget
amputé par jusqu'à 6%
par an; les économies seront surtout
réalisées par une réduction de 490
000 emplois dans la fonction publique. Dans l'ensemble ce
résultat sera
obtenu par le non remplacement des fonctionnaires partant à
la
retraite, mais quelques licenciements sont inévitables.
Au niveau de l'enseignement, les
allocations des universités seront réduites, et
en contrepartie les
universités pourront augmenter les frais d'inscription
jusqu'à 7000
livres par an, contre environ 2500 livres actuellement.
Pour le gouvernement, les mesures sont
essentielles pour éviter la faillite de
l'économie
britannique, et bâtir
les bases d'une économie saine qui assurera la
prospérité du pays pour
des générations à venir.
L'opposition travailliste a
immédiatement riposté; pour Alan Johnson,
porte-parole de
l'oppostion à la Chambre des Communes pour les
affaires
économiques, le gouvernement joue au poker avec
l'avenir de
la nation. "Comme toujours, la facture sera payée surtout
par les plus
pauvres", dit-il.
Dans la rue, les réactions
ont été
mitigées; tous savaient déjà que les
coupes seraient rudes et
difficiles, et que tous allaient devoir mettre la main à la
poche. On
le savait avant même les élections, car s'il y
avait un sujet de
consensus entre les partis ce fut celui-là; à la
suite de la crise
économique de 2007, de très grandes mesures
devaient être prises pour
assainir l'économie de la nation.
Reste à voir si la cure
d'austérité
porte ses fruits. Ce n'est pas certain, même si le
gouvernement pense
avoir choisi la meilleure voie. Le retrait de milliards de livres de
l'économie britannique pourrait avoir l'effet inverse, et au
lieu de
créer les bases d'une économie assainie, plonger
le pays dans une
récession profonde. Dans les mois à
venir, les observateurs
seront aux aguets pour déceler les moindres signes de
succès ou d'échec.