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 ELECTIONS EN GRANDE BRETAGNE - 2015
       Résultat, Analyse, Partis et enjeux

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Vie et société

Les élections législatives britanniques de 2015

Résultat et analyse

En mai 2015, les Britanniques ont élu les "MP" (Members of parliament, c'ést-à-dire les députés) qui siégeront à la Chambre des communes jusqu'en 2020.  Les élections ont été "historiques", dans la mesure où le Parti Nationaliste Ecossais est devenu le 3° parti britannique en termes de sièges, après avoir raflé 56 des 59 circonscriptions écossaises.
   Avant l'éléction, tous les instituts de sondage et toute la presse prévoyait des lendemains de tractations difficiles, pour former un nouveau gouvernement de coalition. En l'occurrence, à la grande surprise, voire la stupéfaction générale, le parti Conservateur à réussi contre toute attente à décrocher une majorité absolue des sièges, lui permettant pour la première fois en 18 ans de former tout seul le nouveau gouvernement, sans besoin de coalition. 

   Que s'est-il donc passé?    

En bref, c'est la combinaison de trois facteurs (dont les deux premiers étaient prévus) qui a permis à David Cameron de remporter les élections.
  • La vague nationaliste en Ecosse, qui a surtout pénalisé le parti Travailliste. Les Travaillistes qui détenaient depuis près d'un siècle la majorité des sièges écossaises, ont perdu tous leurs députés écossais, sauf un. Les Conservateurs, n'ayant dans le dernier parlement qu'un seul MP écossais, n'avaient pas grande chose à perdre face à l'assaut nationaliste... et ont réussi à conserver leur unique circonscription écossaise.
  • Le parti Libéral-Démocrate, partenaire minoritaire de la dernière coalition, a perdu plus des trois quarts de ses députés .  L'effondrement de popularité des LD avait commencé au lendemain de leur entrée en coalition avec les Conservateurs en 2010, car l'électorat traditionnel LD est plutôt centre-gauche, voire même bien à gauche; mais la popularité locale de nombreux députés LD donnait à penser que le parti réussirait à maintenir au moins la moitié de ses élus, malgré l'assaut très ciblé des Conservateurs dans les circonscriptions concernées. Cela n'a pas été le cas.
  • L'effondrement du parti Travailliste en Angleterre. Le discours du leader travailliste, Ed Miliband, visant essentiellement "the ordinary working people" ("les travailleurs") s'est retourné contre son parti. L'ancienne image d' "Ed the Red", que Miliband pensait avoir enterré par un nouveau discours plus social démocrate, a refait surface, et les Conservateurs ont allègrement soufflé sur les tisons. Le spectre du retour au pouvoir du parti Travailliste, accusé d'avoir créé les conditons de l'effondrement économique de 2007, a fait fuir de nombreux électeurs centristes.
Finalement, un élément a peu joué, et surtout peu joué contre les Conservateurs.
  • Le parti nationaliste d'extrème droite UKIP n'a réussi à décrocher qu'un seul siège au parlement de Londres, celui d'un député transfuge du parti Conservateur. Son leader charismatique Nigel Farage n'a pas été élu dans sa circonscription. Et en fin de compte, l'UKIP a autant glané des voix auprès d'anciens électeurs travaillistes, que conservateurs.

Ainsi David Cameron a pu se succéder à lui-même avec une liberté d'action accrue pour continuer sa politique de redressement et libéralisation de l'économie britannique, et de réduction du train de vie de l'état.  
   Au final, les électeurs britaniques l'ont jugé sur les résultats accomplis depuis 2010, qui ont placé la Grande-Bretagne à la première place des grands pays industrialisés en matière de croissance et de réduction du chômage. Restent désormais les question dés déficits et de la productivité de l'économie britannique et celle de la réduction des dépenses - et donc des services - publics. Comme Cameron le répète depuis plus de cinq ans, c'est le prix incontournable à payer pour batir les bases d'une nouvelle économie plus saine et surtout soutenable. En 2015 les électeurs britannique lui ont accordé leur confiance; mais les enjeux des cinq ans à venir seront de taille.
Ci-dessous:
Articles rédigés avant les élections

Les grands enjeux
  • La Grande Bretagne et l'Europe. Les Conservateurs promettent un référendum en 2017. Les Travaillistes sont contre la sorte de la GB de l'Union européenne, et contre la tenue d'un référendum dont l'issue incertaine, selon eux, va faire mal à l'économie pendant les deux ans à venir. UKIP veut sortir le Royaume Uni de l'Union Européenne. Les Nationalistes écossais sont pro-européens.
  • L'immigration : consensus. Tous les partis nationaux pronent des réductions de l'immigration, ne serait-ce qu'à cause de la pression démographique. L'Angleterre est le pays le plus densement peuplé de l'Union européenne.  Mais tous les partis, y compris même UKIP, accepte que la Grande Bretagne a besoin de l'immigration.
  • L'économie. Les Conservateurs crient victoire; chômage en baisse constante, inflation vaincue, salaires qui commencent à augmenter plus vite que le coût de la vie – tout cela grâce à leur politique d'austérité.... qui doit continuer pour pouvoir en finir avec le dernier obstacle, le déficit. Ils promettent aussi d'abolir l'impôt sur les héritages en dessous d'un million de livres (1,2 M€) pour un couple. Ils promettent de lutter encore plus efficacement contre l'évasion fiscale.  Les Travaillistes critiquent la baisse du pouvoir d'achat, mais n'osent pas promettre de meilleurs jours, seulement un peu moins d'austérité et moins d'inégalités. Ils critiquent les "cadeaux aux riches" proposés par les Conservateurs, promettent d'instaurer un impôt "mansion tax" sur les maisons d'une valeur de plus d'1M de livres, et de supprimer les avantages fiscaux accordés aux "non-doms", c'est à dire aux personnes vivant une bonne partie de l'année en Grande Bretagne mais optant pour un statut fiscal de non-résident
  • La Santé. Les Conservateurs promettent d'augmenter le budget de la santé publique de 8 milliards de livres... mais sans dire d'où vient l'argent.. Les Travaillistes promettent 3 milliards, qu'ils ont budgetisés. Ils clament qu'avec les Conservateurs, l'avenir du système public de santé en Grande Bretagne est menacé par une privatisation lente.

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    Le 8 mai 2015, lendemain des élections législatives, sera peut-être le jour ou David Cameron, actuel premier ministre Conservateur, ou Ed Miliband, actuellement leader de l'opposition Travailliste, fêtera la victoire de son parti aux élections législatives. Mais ce scénario semble peu probable. Le 8 mai sera plus probablement un jour de tractations politiciennes entre les grands partis et les petits qui auront des élus à la Chambre des Communes, pour former un gouvernement de coalition entre partenaires de circonstance sans grande affinité.
   On peut entrevoir une seule grande certitude au lendemain des élections de 2015.
   C'est que les Conservateurs et les Travaillistes resteront, et de loin, les deux plus grands partis à la Chambre des Communes; mais lequel des deux aura le plus grand nombre de députés, et aura la première option pour former le prochain gouvernement? C'est la grande question. Pour les instituts de sondage, nous sommes en terrain inconnu, car tout dépendra de la percée réelle, au moment d'une élection législative, du parti indépendantiste UKIP.
  Aux Européennes de 2014, c'est l'UKIP, parti anti-européen, qui est sorti gagnant avec 26,6% des suffrages, contre 24,4 aux Travaillistes et 23,1 pour les Conservateurs. Mais la participation n'était que de 34%. UKIP a d'ailleurs remporté deux élections partielles en 2014, et a donc désormais deux députés au Parlement britannique. Mais là aussi il faut relativiser; les deux députés UKIP sont des transfuges du parti Conservateur, et chacun occupe donc le siège qu'il occupait précédemment en tant que député conservateur.
  Lors d'un scrutin d'importance nationale, les électeurs britanniques sont bien moins favorables aux partis marginaux qu'au moment d'élections européennes ou partielles. Il se pourrait qu'au 7 mai 2015, l'UKIP n'ait plus aucun député au parlement britannique.... ou bien aussi qu'il en ait plusieurs. Tout reste possible.

  Les Conservateurs font tout, en ce moment, pour plaire aux électeurs tentés par l'UKIP; promesse de référendum sur l'Europe, promesse de baisse des impôts, promesses d'action plus ferme contre l'immigration. Il brandissent la menace d'un retour au pouvoir des Travaillistes, si trop de voix de droite se portent sur des candidats UKIP. Le système électoral britannique, à un tour et à majorité relative, fait qu'une répartition trop égale des voix de droite entre un candidat conservateur et un candidat UKIP pourrait offrir le siège de député au candidat Travailliste, même dans des circonscriptions qui votent traditionnellement à droite.
  Ils mettent en avant leur succès indéniable sur le plan économique, qui a permis à la Grande Bretagne de se hisser au premier rang des pays développés en termes de croissance (+3% en 2014), et de créer près de 2 millions de nouveaux emplois en 5 ans. Ils s'excusent pour le déficit public, qui reste colossal, à 5,8%.... comparé à 3,2% pour la zone Euro. Ils promettent que la réduction des dépenses publiques au cours des 5 prochaines années permettra de retrouver un surplus pour 2020. Ils disent que toute voix de droite qui se porte sur un candidat marginal risquerait de faire gagner les Travaillistes....

  De leur côté, les Travaillistes peinent à convaincre. Si les Travaillistes bénéficiaient en novembre 2014 d'une avance de 4% sur les Conservateurs en termes d'intentions de vote, le leader Travailliste, Ed Miliband, souffre d'un gros déficit en termes d'image de marque.  Des sondages indiquent que moins de 20% des Britanniques pense qu'il a ce qu'il faut pour être Premier ministre.
   Les Travaillistes sont obligés d'admettre les réussites du gouvernement Cameron sur le chômage et sur l'inflation, mais pointent du doigt le gouffre financier du déficit public. Pour réduire le déficit sans trop réduire les services publiques, ils ne peuvent que promettre moins de baisses des dépenses et des services et une petite augmentation des impôts, notamment sur les hauts revenus.  
   En matière de politique économique, les Travaillistes sont pris entre le marteau et l'enclume. Considérés par l'opinion publique comme responsables de la dégringolade de l'économie britannique entre 2004 et 2010, ils ont compris que peu de Britanniques croient encore aux promesses de meilleurs jours. Ils en sont réduits donc à s'afficher comme étant désormais "économiquement responsables", en évitant de faire miroiter des promesses intenables. Ils promettent donc une version plus légère et plus sociale de l'austérité des Conservateurs.... qui ne passe pas toujours très bien auprès de l'aile gauche du parti, aile  désormais très minoritaire.

    C'est peut-être l'Ecosse qui déterminera le résultat des prochaines élections britanniques. Après leur défaite au référendum sur l'indépendance, les Indépendantistes Ecossais (SNP) veulent leur revanche, et espèrent l'obtenir.... à Londres.
    Depuis le référendum, le SNP se définit plus nettement comme un parti de gauche, car il cherche à battre les Travaillistes dans les nombreuses circonscriptions du sud-ouest écossais. Le risque est qu'en battant les Travaillistes dans leurs fiefs historiques en Ecosse, ils privent le parti Travailliste des sièges qui leur auraient permis de former un gouvernement de gauche,  et laissent passer les Conservateurs.
    L'ancien leader du SNP, qui postule désormais un siège au parlement de Londres, a dit très fermement que son parti n'entrerait pas en coalition avec les Conservateurs.....  Et les Travaillistes ont dit qu'ils n'entreront pas en coalition avec les nationalistes écossais.....

Qui formera donc le prochain gouvernement britannique?

   A partir d'ici, tout est spéculation.
   La position des Lib-Dems (Libéraux-démocrates) au lendemain des élections sera probablement cruciale, malgré la chute de leur popularité. Aux élections législatives de 2010, les Lib-Dems ont obtenu 23% des suffrages: aujourd'hui ils sont crédités de 5 à 6% des intentions de vote. Mais il est fort possible qu'il gardent bon nombre de leurs députés qui ont un solide ancrage dans leur circonscription.
   Il est donc possible que la coalition actuelle soit reconduite. Il est aussi possible que les Lib-Dems entrent en coalition (plus naturelle) avec les Travaillistes. Les deux grands partis feront tout leur possible pour éviter une coalition qui comprendrait les Nationalistes écossais ou UKIP, considérés comme trop indésirables. D'autres petits partenaires sont possibles; les unionistes d'Ulster (DUP), les Socio-démocrates d'Ulster (SDLP), les nationalistes gallois (Plaid Cymru), les Verts et quelques indépendants.... qui pourront tous avoir entre 0 et 4 sièges, peut-être jusqu'à 10 pour le DUP
   Si le soutien de petits partis est nécessaire pour former une majorité au parlement britannique, on peut privilégier deux possibilités:
  • Coalition Conservateurs + Lib-Dems + DUP + in extrémis UKIP
  • Coalition Travaillistes + Lib-Dems + SDLP + Verts + éventuellement Plaid Cymru
Mais ce n'est que de la spéculation.
Tout dépendra autant du nombre d'électeurs votant pour un candidat, que du nombre d'électeurs qui vont "voter utile" contre un candidat, pour essayer de barrer la route à un candidat donné gagnant avec une majorité toute relative.
    A l'âge de l'Internet et des réseaux sociaux, de très nombreux voix vont sûrement se reporter, dans de nombreuses circonscriptions, et selon la circonscription, sur le candidat le plus susceptible d'empêcher l'élection d'un Conservateur, d'un Travailliste, mais surtout d'un "Kipper" (candidat UKIP) ou d'un nationaliste écossais donné favori.  C'est une situation toute nouvelle, d'où la grande réticence des instituts de sondage.



    election map 2015

Carte politique de la Grande Bretagne au lendemain des élections législatives de 2015. En bleu, circonscriptions à majorité conservatrice, en rouge circonscriptions à majorité travailliste, en orange circonscriptions ayant élu un Libéral-Démocrate. En jaune: Parti Nationaliste Ecossais. Autres couleurs: partis nationalistes gallois, irlandais et autres.


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Ed Miliband à la Chambre des communes

Les guards � Londres
Les guards devant Buckingham Palace

Chateau au sud de l'Angleterre
Chateau 17° siècle près de Londres

Thermes romains � Bath
Thermes romains à Bath

Collège de Kings, CambridgeCollège de Kings, Cambridge


Photo haut de page par Diliff -  licence Creative commons.
débat à la chambre des Communes;  copyright UK Parliament, reproduites avec l'autorisation du parlement britannique.
2015 UK Election Map à partir d'une carte par Italay90, Licence  creative commons
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